GUÉRIDON JAPONISANT

PROVENANT DE LA COLLECTION D’ANDRÉ BOUILHET (1866-1932) GÉRANT DE LA MAISON CHRISTOFLE À PARIS

Paris, 1885.
ANTOINE TARD (EMAILLEUR ACTIF AU SEIN DE LA MAISON CHRISTOFLE ENTRE 1860 ET 1889)

Bronze ciselé et doré ; émaux cloisonnés.

H. 71 cm. (28 in.); D. 62.5 cm. (24¾ in.).

MARQUES ET INSCRIPTIONS: Signature, datation et numéro d’inventaire visibles dans un cartouche en cloisonné située sur le plateau, à l’extrémité de la branche supportant l’oiseau : 1885 / Christofle & Cie / 157.

PROVENANCE : collection d’Henri Bouilhet (1830-1910), neveu et beau-frère de Charles Christofle (1805-1863), le fondateur de la prestigieuse Maison, gérant de la Maison Christofle au côté de son cousin Paul Christofle (1838-1907), fils de Charles ; collection d’André Bouilhet (1866-1932), fils du précédent, gérant à la suite de son père de la Maison Christofle jusqu’à sa mort ; puis descendance.

EXPOSITION : Exposition universelle de Paris de 1889 ; Exposition des arts de la femme, organisée par l’UCAD (Union Centrale des Arts Décoratifs) au Palais de l’Industrie à Paris en 1891 ; Le décor de la vie sous le Second Empire, exposition organisée par l’Union Centrale des Arts Décoratifs (UCAD) et présentée au Palais du Louvre, Pavillon de Marsan, du 27 mai au 10 juillet, 1922, cat. n° 566 (prêtée par M. André Bouilhet (1866-1932), gérant de la Maison Christofle).

BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE : gravure par Henri Toussaint reproduite dans la Gazette des Beaux-arts : courrier européen de l’art et de la curiosité, tome XVIII, 2e période, Paris, 1er septembre 1878, p. 227 ; Anne Forray-Carlier, Le mobilier du château de Chantilly, Dijon, 2010, p. 282-283, cat. n° 111.

Exécuté en bronze doré avec un plateau en émail cloisonné, il fut créé en 1885 et servit à illustrer tout le savoir-faire de la Maison Christofle en la matière à l’Exposition Universelle de Paris de 1889, puis à l’Exposition des arts de la femme, organisée par l’UCAD (Union Centrale des Arts Décoratifs) au Palais de l’Industrie à Paris en 1891. Conçu par Emile Reiber (1826-1883), directeur des ateliers de conception chez Christofle, peut-être en collaboration avec Edouard Lièvre (1828-1886), il présente un luxuriant plateau en émail cloisonné à fond bleu turquoise exécuté par Antoine Tard (émailleur renommé actif au sein de la Maison Christofle entre 1860 et 1889). Celui-ci montre un oiseau évoquant un Tchitrec du Japon, au riche plumage à dominantes verte, jaune et bleu lapis, posé sur une branche de prunier en fleurs, et observant un papillon jaune volant devant lui.

Le modèle de ce guéridon fut créé dès 1874, avec un premier exemplaire, similaire au nôtre, qui fut acquis par Henri d’Orléans (1822-1897), duc d’Aumale et cinquième et avant-dernier fils du roi Louis-Philippe Ier, entre 1874, date de sa création indiquée sur son plateau, et 1879, date à laquelle il fut pour la première fois mentionné au château de Chantilly, dans le Cabinet d’angle du Grand Appartement du duc. Le duc en fit peut-être l’acquisition dès 1874, à l’occasion de l’Exposition de l’Union Centrale des Beaux-Arts appliqués à l’Industrie, où la Maison Christofle présenta sur son stand trois guéridons à plateau en émail cloisonné, dont la description de l’un correspond parfaitement à notre modèle. Il put également l’acquérir en 1878, dans le cadre de l’Exposition Universelle qui se tint cette année-là à Paris, et où Christofle présenta un guéridon de notre modèle visible sur une gravure d’Henri Toussaint publiée dans la Gazette des Beaux-arts : courrier européen de l’art et de la curiosité, tome XVIII, 2e période, Paris, 1er septembre 1878, p. 227.

Un second guéridon de notre modèle, ni celui de 1874, déjà acquis par le duc d’Aumale – à moins que le duc ne l’ait prêté pour l’exposition à la demande expresse de Paul Christofle et d’Henri Bouilhet – ni le nôtre, créé deux ans plus tard, en 1885, orna le stand Christofle à l’Exposition Universelle de 1883 à Amsterdam. Enfin un troisième guéridon, le nôtre, créé en 1885, à moins qu’il ne s’agisse que d’un second exemplaire, si l’on part de l’hypothèse que celui exposé en 1883 à Amsterdam ait été celui du duc d’Aumale ayant accepté de le prêter à cette occasion, a successivement figuré sur le stand Christofle à l’Exposition universelle de Paris de 1889, puis à l’Exposition des arts de la femme, organisée par l’UCAD (Union Centrale des Arts Décoratifs) au Palais de l’Industrie à Paris en 1891.

A la question du nombre total d’exemplaires, produits par la Maison Christofle pour les grandes expositions, émergent donc deux hypothèses :

1ère hypothèse : le guéridon de « Chantilly », acquis entre 1874 et 1879 par le duc d’Aumale, est prêté à Christofle par ce dernier pour être présenté lors des grandes expositions jusqu’en 1885. Puis il est ensuite remplacé en exposition, à partir de 1885, par notre guéridon.

2ème hypothèse : Le guéridon de Chantilly n’est plus exposable à partir de 1879, ou avant, car vendu au duc d’Aumale et précisément mentionné en 1879 dans le Cabinet d’angle de son Grand Appartement à Chantilly. Il a donc été nécessaire d’exécuter un autre exemplaire, celui qui figurera à l’Exposition Universelle d’Amsterdam de 1883, soit deux ans avant la création de notre guéridon.

Ce troisième exemplaire, non localisé à ce jour, aurait donc été produit entre 1874 et 1883, et, dans cette hypothèse, vendu avant 1885, justifiant ainsi la création d’un troisième guéridon, le nôtre, pour être présenté à l’Exposition universelle de Paris en 1889, ainsi que dans les expositions qui suivirent. Mais en conclusion, il est à noter que cet hypothétique troisième guéridon n’a jamais été répertorié dans les archives de la Maison Christofle. En effet seuls celui du duc d’Aumale et le nôtre, qui appartint successivement à Henri puis André Bouilhet, demeurant par la suite dans leur descendance, le sont. Il est donc par conséquent très probable qu’il n’y ait eu en tout et pour tout que deux exemplaires produits par l’illustre Maison

Nous remercions chaleureusement ici Madame Caroline Radenac, responsable des archives et de la documentation de la Maison Christofle à Paris, pour son aide et les précieuses sources d’archives communiquées.  



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