BOISERIE DE L’HÔTEL DE SCHILDE

Anvers, deuxième moitié du XVIIIe siècle

MATIERE : sapin peint en bleu et blanc.

H. totale : 447 cm.

Provenance: Anvers, hôtel Van De Werve – De Schilde.

BIBLIOGRAPHIE : Pons Bruno, Grands décors français 1650-1800, Dijon, éditions Faton, 1995, p. 128-131 et 301-308.

 

Feray Jean, Architecture intérieure et décoration en France des origines à 1875, Paris, 1988, p. 305.

La boiserie fut réalisée pour le compte de l’une des plus importantes familles de la ville d’Anvers, les Van De Werve – De Schilde et fut installée dans un salon situé au premier étage de leur hôtel particulier, l’hôtel de Schilde, une demeure néo-classique bâtie dans le quartier du Kipdorp et aujourd’hui disparue. L’ensemble surprend par son expression de puissance accentuée par la forte impression de hauteur obtenue par l’adoption d’un ordre colossal qui rythme l’ensemble des panneaux. Chaque arcade moulurée en plein cintre est en effet flanquée de pilastres cannelés, rudentés à mi-hauteur, et coiffés d’un chapiteau ionique. Des rosaces tournantes d’où s’échappent deux fleurons occupent les écoinçons et une console à filet de perles et rosace, sculptée au sommet de chaque panneau, vient mordre une corniche sobrement soulignée, sur tout son pourtour, d’une frise à denticules. Tous les trumeaux présentent un tympan curviligne uni et simplement bordé d’une mouluration rehaussée de filets de perles, de fleurons et de canaux qui se répètent autour des miroirs ou des niches. Le plus extraordinaire est cette polychromie alternant le bleu et le blanc que l’on retrouve sur l’ensemble de cette boiserie peinte et non dorée, solution esthétique si souvent retenue dans les intérieurs du XVIIIe siècle.

Ce décor constitue un jalon important de cette mode qui inaugure à la fin du règne de Louis XV (1715-1774) le retour au classicisme. L’architecte n’a fait aucune concession à la peinture décorative pour réserver au contraire une place de choix à la sculpture et au jeu des moulurations. Le désir d’obtenir un effet de sobriété et de force semble évident et puise directement ses sources dans l’art de Louis XIV des années 1700. L’ordonnancement d’un tel décor, en accord avec le mobilier, résultait en réalité du fruit d’une véritable réflexion collective partagée par la plupart des grands architectes en vogue dans les années 1770-1780.



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