BOISERIES PROVENANT DU PALAIS PAAR À VIENNE

Commanditées par le comte Wenzel-Joseph Von Paar

Vienne, vers 1765-1771
Johann Georg Leithner (Sculpteur de l’Académie Impériale, 1725-1785)

Exécutées entre 1765 et 1771 sous la direction de l’architecte Isidor Canevale (1730-1786)

Bois sculpté, peint et doré.
H. 5.50 m. (18 feet)

Historique : exécutées entre 1765 et 1771 pour le palais Paar à Vienne par le sculpteur Johann Georg Leithner (1725-1785) sous la direction de l’architecte Isidor Caneval (1730-1786) ; vendues au moment de la destruction du palais Paar en 1938.

Provenance : collection particulière.

Bibliographie : Recueil intitulé Boiseries, superportes du palais Prince Paar Vienne, [Vienne, avant 1937].

Ce remarquable ensemble de boiseries provient du palais Paar à Vienne, somptueuse demeure baroque bâtie vers 1630 pour le baron Johann-Christoph Von Paar, nommé « ministre des postes » de l’empire autrichien par l’empereur Ferdinand II. Composé de lambris dorés à fond blanc, le décor se décline en une succession de panneaux et de parcloses d’une éblouissante qualité de sculpture, montés sur des cimaises à simple compartiment, et ornés de double moulurations aux pourtours chantournés, rythmés de volutes imbriquées d’acanthes et de fleurons. Les grands panneaux se singularisent par la présence d’un cartouche chantourné dans leur partie haute, flanqué d’un bouquet tournant d’acanthes d’où émergent des branches feuillagées ; un motif répété à une échelle moindre apparait au niveau inférieur.

 

Fig. 1. François Boucher (1703-1770), Aminte reprenant connaissance dans les bras de Sylvie, huile sur toile signée et datée 1756. Original de la toile peinte figurant en dessus de portes de boiseries. Tours, musée des Beaux-Arts (inv. 794-1-3).

Les parcloses présentent chacune une étonnante bordure « en vagues ». Un dessus de porte à bordures également chantournées est illustré d’une scène mythologique représentant Aminte reprenant connaissance dans les bras de Sylvie, sujet tiré de l’Aminte du Tasse (1581), une toile peinte d’après un original de François Boucher (1703-1770), aujourd’hui conservé au musée des Beaux-Arts de Tours (fig. 1.).Tout le décor se caractérise par sa remarquable qualité d’exécution, cela jusqu’au travail de la ciselure des entrées de serrure et autres ferrures à cannelures tores.

Vaste quadrilatère édifié autour d’une cour intérieure au n° 30 de la Wollzeile, à proximité de la cathédrale Saint-Etienne, le palais Paar et son décor intérieur furent remis au goût du jour de 1765 à 1771 par l’architecte d’origine française Isidor Canevale (Vincennes, 1730 – Vienne, 1786), à la demande du comte Wenzel-Joseph Von Paar (fig. 2).

Fig. 2. Vue du palais Paar. Gravure exécutée en 1733 d’après un dessin de Salomon Kleiner. On aperçoit au fond et à droite du dessin la flèche de la cathédrale Saint-Etienne. Vienne, Historisches Museum der Stadt Wien.

Ce dernier, élevé au rang de prince le 1er août 1769 par l’impératrice Marie-Thérèse, avait été chargé l’année suivante par cette dernière d’escorter sa fille, l’archiduchesse Marie-Antoinette, en France afin que soit célébré son mariage avec le Dauphin et futur Louis XVI. L’imposante façade, rythmée à l’étage noble par douze grandes fenêtres surmontant deux imposantes portes cochères, le tout couronné par un attique, demeura inchangée jusqu’au XXe siècle. Le très riche décor intérieur, mis en place sous la direction de Caneval, fut particulièrement loué par les contemporains. De  précieux documents d’archives de la famille Paar, comprenant notamment des devis et factures relatifs à ces travaux, confisqués après le Seconde Guerre mondiale et conservés au château de Trebon, en Bohême, nous révèlent non seulement le nom de l’architecte évoqué ci-dessus, mais également celui du sculpteur sur bois auteur de nos boiseries. Dans l’un de ces documents, évoquant « la pièce blanc et or aux miroirs », intitulé « Pour Son Excellence la Comtesse Von Paar dans la Chambre de Parade, les travaux de sculpture suivants d’après les dessins et instructions du Sieur de Ganneval », figure en effet, au côté de la signature de l’architecte, visible en bas et à gauche du document, celle du sculpteur sur bois viennois Johann Georg Leithner (1725-1785), accompagnée de son titre de « Kaÿserliche Königliche Akademie Bildhauer » [Sculpteur de l’Académie Impériale]. 

Un paraphe de Leithner, visible au dos du document, nous précise même les dates et conditions d’exécution de ce décor : « Il a été convenu avec le sculpteur, que, si le travail susmentionné n’a pas été installé et monté dans de bonnes conditions le 20 mars 1769, au lieu de 2500 gulden, seulement 2000 gulden seront payés. Le 5 janvier 1769. Leithner sculpteur ».



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